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  • D'où vient la lumière?
  • Jun. 17, 2022
News of Reuter Bausch Art Gallery D'où vient la lumière?

Allez, on se met à l'ombre Au frais. Galerie Reuter Bausch.

Alignés comme dans une morgue, des corps – 11 au total, sur panneaux MDF baignent dans une huile aussi noire qu'une nuit sans lune. Et du noir surgit une lumière inattendue, venue des draps et chasubles qui couvrent les corps transformés par leur carnation verdâtre en humains désintégrés, voire en spécimens de morts-vivants. Les uns, ceux qui ont renoncé, ceux que le désespoir a terrassés, gisent, invisibilisés sous le tissu froissé à l'allure de linceul, les autres, ceux qui lévitent, sont d'informes camisoles errantes, des insomniaques aussi solitaires qu'hagards.

Voilà le tableau que Julie Wagener (née en1990 à Bogota, vivant à Luxembourg) dresse de la pression sociale, du «système» égocentré, consumériste, productif et perclus de crises, coupable de déshumanisation. Coupable de créer des anxieux, des inadaptés, des candidats au suicide, forme suprême de cette faiblesse que notre société performante récuse.

Au final, à travers sa galerie d'individus en perdition, sa façon de percer l'abcès du vide existentiel encore tabou, ce que Julie plaide, avec sincérité, sinon empathie, c'est justement le droit à la faiblesse.  

La peinture est lisse, adepte du classique clair-obscur – un contraste de valeurs adapté au propos –, sauf que ce serait négliger le soin que Julie porte aux tissus plutôt gris, surtout aux plis. A la mise en plis, aux faux plis, à leur mouvement, leur fluidité, comme une vie parallèle, qui d'ailleurs mange toute la composition.

Remarquée à la Triennale Jeune création 2021, pour sa série de trois œuvres It Hurts Until it Doesn't, Julie Wagener a aussi décroché le prix Révélation, au Salon du CAL 2021, pour la même série.

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