- Clément Davout, Portrait d'artiste
- Point contemporain
- Jan. 17, 2024
PORTRAIT D'ARTISTE / CLÉMENT DAVOUT
PAR XAVIER BOURGINE
LES HISTOIRES VÉGÉTALES DE CLÉMENT DAVOUT
De prime abord, les peintures de plantes de Clément Davout sont séduisantes. On les dirait même instagramables, et pour cause, elles jouent de certains codes du réseau social (format flirtant sans y céder avec le carré, cadrage, couleurs vives comme dans La veille, 2023), mais, à la façon des Nouveaux réalistes en leur temps des ficelles publicitaires, les mettent en abyme. De là une distanciation qui rapproche ces peintures de plantes d'une « peinture d'histoire végétale », non dénuée d'un puissant pouvoir d'évocation sensorielle.
Après l'École supérieure d'art et média de Caen / Cherbourg, Clément Davout a commencé par décortiquer la théâtralité de la nature, dans des œuvres où celle-ci était non seulement artificielle et mise en scène mais aussi mise au service des usages sociaux d'espaces urbains ou intimes, publics ou privés (La grande vitrine, 2018). De ces premières recherches, c'est la place des plantes elles-mêmes, et leur essence, naturelle ou artificielle, qui s'est affirmée comme une question centrale dans son travail, question qui ne peut avoir pour réponse authentique qu'un « en même temps » : les plantes qui nous entourent, à la campagne comme à la ville, ont un caractère intrinsèquement hybride et ambivalent.
Ainsi, dans son mouvement de bascule des plantes artificielles représentées dans leurs conditions d'usage social « naturel » aux plantes réelles représentées à travers le filtre de ses émotions, Clément Davout a accompli plus que le cheminement de Des Esseintes, qui dans À rebours, « après les fleurs factices singeant les véritables fleurs, voulait des fleurs naturelles imitant des fleurs fausses ». Plus proche de la démarche de Patrick Corillon qui décrit dans sa Serre de nouvelles espèces végétales qui n'existent pas, les peintures de plantes de Clément Davout racontent une histoire qui tient aussi bien de leur parcours horticole international que des sensations, apaisantes, exotiques ou joyeuses, qu'elles nous procurent.
Suite de l'article de la revue Point Contemporain ici